Daniel Zea
Cabeza de Hongo (2020)
16 cymbales, 16 transducers, 8 amplifiers, Bela audio card.

La découverte de l'œuvre sonore au détour d'un chemin est insolite.  L'espace de l'installation sous un arbre a quelque chose de magique, comme si le végétal protégait un lieu secret.  Les étranges suspensions, qui pourraient évoquer de loin des fruits, sont en fait des cymbales suspendues à des hauteurs différentes.  Un dispositif électronique transmet, grâce à des inducteurs, des sons très légers sur les surfaces métalliques qui vibrent chacune avec un timbre distinct. La géométrie particulière de l'instrument propage les vibrations de façon omnidirectionnelle, une forme de réverbération que l'artiste associe à un effet suround faisant voyager les sonorités.  Une spatialisation sonore qui implique les corps dans des trajectoires de sons et produit une véritable présence sous ce dôme naturel.  L'attention du visiteur est ainsi ramenée sur un moment d'intimité en créant une sorte d'empathie avec la nature tout autour.

Le son est une matière puissante pour ce compositeur, designer industriel et musicien informatique.  Ses compositions, performances et installations laissent libre cours à une pratique artistique hybride, mêlant fantasie et poésie.  Avec des systèmes interactifs utilisant la reconaissance faciale, les mouvements musculaires ou les données environnementales, comme lors de son intervention au Jardin botanique de Berne, l'artiste propose une expérience d'écoute où l'homme devient un élement perturbateur mais de façon non intentionnelle. L'éxperience d'écoute se teinte alors d'une relation sensorielle à l'égard de l'environnement, une poésie qui se déploie à Bex.

Nadia El Beblawi, historienne de l'art
(Fragment du texte du catalogue de la triennale de sculpture contemporaine Bex & Arts 2020 "Industria")

 

 

© Photo Jacques Bétant